EFFROI
Je me vois en plongée et en toute petite enfant, immobile dans sa robe claire.
Le plafond est haut et la pièce grise. Il n’y a personne à part moi.
Au sol, il y a bien ce rayon de lumière, mais qui l’a allumé ? Il y a combien de temps ?
Je suis debout et j’attends calmement pour rien.
18.05.2015
Granville, avec sa partie citadine sur la gauche et son port marchand au fond à droite.
J’évolue dans une esthétique architecturale à la Chicago : des rues perpendiculaires
divisant des blocs d’immeubles. La police délimite un périmètre au coin de la rue,
il y a une bombe, un risque d’attentat. On nous recommande de nous mettre à l’abri.
J’ai sous ma responsabilité un jeune prince de 14 ans, un peu rêveur. Je l’entraîne loin
de la zone dangereuse en direction du port. Nous sommes plusieurs dans la voiture.
Nous en perdons le contrôle. Le véhicule roule vers le port et plonge dans les eaux noires.
J’ai le temps d’ouvrir la fenêtre et nous nous extirpons – le prince et moi – du véhicule.
Les autres commencent aussi à apparaitre à la surface. Les corps remontent comme
s’ils étaient morts, mais ce n’est pas le cas pour tous. Toujours dans l’eau, j’allonge le bras,
les touche et ils s’animent.
DEUS VULT
Le car a débarqué des bigotes endimanchées.
Elles tapent le rappel des brebis égarées dans l’hôtel de passe granvillais.
Les sables mouvants du Mont Saint Michel aspire leur chemin de rédemption.
Dans trois millénaires, les scientifiques retrouveront les bas jarretelles
– qu’elles cachent sous leurs blouses à motifs bleus – fossilisés, géométriques
résilles de silice agglomérée, repos éternel des crabes lubriques.