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ZÉNITH

L’avion est un cercueil en apesanteur, exigu et frais. Au-dessus du Massif Central,
je cale : la terre pressée monte jusqu’à moi, elle gémit.
Je pense à la jeune anesthésiste, poignets fins, biscuits au pesto et verre d’eau minérale.
Je lui dis, en lui prenant la main : « Mets ton gilet et n’aies pas peur.
Nous serons les deux seules survivantes. »
L’avion vire en baie, survolant des nuages étrangement identiques – trame aqueuse
d’un tapis de ciel incertain – jusqu’à ce que le regard ne porte plus à travers le hublot.
La lumière nous bouche maintenant la vue, mais les moteurs ne tremblent pas. Autour de moi, personne ne bouge. Je suçote le haut de ma manche, là où commence la couture de l’épaule, repoussant par ce geste puéril, ma mort héroïque, à demain.

RACINE CARRÉE

Poils et taches de sang
se mêlent sur cette bête d’amour.
Elle respire en transpiration et se déploie en jalousie.
Son rythme est cigalien et son odeur maritime.
C’est un polyèdre qui se fend de sentiments.

ÉCROU-CAGE

Diane résiste à la tentation de la vitesse en faisant la grève du démarrage
– « il fait trop chaud pour travailler » – lui a-t-on dit un jour.
Et c’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Alors, elle se la coule douce
sur le Mont Boron, repaire de branleurs patentés, entre fête jeune argentée
et tronçonneuse vengeresse.

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